Depuis quelques années, on entend parler de la maladie à virus Ebola, de la fièvre hémorragique à Lassa, du Chikungunya et plus récemment l’épidémie à coronavirus. Ce sont des maladies qui émergent ou qui réémergent au gré du temps suscitant moult interrogations. Levons un peu le voile sur ces nouvelles formes de maladies qui, pour certaines, ont modifié nos habitudes et comportements.
Qu’est-ce donc qu’une maladie émergente ou réémergente ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, on désigne par maladie émergente ou réémergente, des infections qui apparaissent pour la première fois dans une population, ou qui ont existé mais qui augmentent en incidence (épidémie), ou alors qui gagnent en expansion géographique (pandémie). D’emblée, l’OMS met en avant le caractère « infectieux » et donc potentiellement dangereux de ces maladies.
Une définition plus épidémiologique permet de distinguer l’émergence vraie, c’est-à-dire « une maladie dont l’incidence augmente de manière significative dans une population donnée et pendant une période donnée, par rapport à la situation épidémiologique habituelle de cette maladie », de l’émergence médiatique qui est en rapport avec la perception de la maladie par les populations sous le prisme des médias de masse.
Ces maladies émergentes sont généralement dues à l’apparition chez l’homme de nouveaux agents pathogènes transmis dans deux tiers des cas par des animaux domestiques ou sauvages (zoonoses).
Des maladies historiques ou d’actualités ?
Le monde s’est retrouvé très souvent confronté à de nombreuses maladies. L’une des plus meurtrières est la peste bubonique dite peste noire ayant sévi au XIVᵉ siècle en Europe. Outre, depuis 1950, plus d’une trentaine d’agents pathogènes nouveaux ont été identifiés chez l’homme. Entre autres : le VIH-Sida(1983), le virus de l’hépatite C (1989), le virus A H5N1 (2003-2006), les nombreux virus responsables des fièvres hémorragiques à Lassa (1969), le Chikungunya (1952), le virus Ebola (1976)… sans oublier le SRAS-Cov (2003-2004) et le SRAS-Cov 2 qui sévit actuellement dans le monde.
À ce jour, la maladie à coronavirus (Covid-19), apparue en décembre 2019, a déjà fait plus de 2,2 millions de décès dans le monde. Néanmoins, dans l’histoire des épidémies et pandémies mondiales, la palme de bourreau du siècle revient à la grippe espagnole qui a tuée près de 40 millions de personnes dans le monde entre 1918 et 1919.
Quels peuvent être les facteurs d’émergence ?
Les facteurs d’émergence peuvent être liés à l’agent pathogène lui-même et à l’immunité que cet agent peut induire chez les populations. Ils peuvent également être liés à l’activité humaine et les modifications de l’environnement.
Facteurs liés à l’agent pathogène
Qu’il s’agisse des virus ou des bactéries, des modifications génétiques interviennent lorsque ces agents pathogènes se multiplient dans l’organisme hôte ou vecteur. Ces modifications ont lieu lorsqu’ils rencontrent des conditions favorables à leur évolution. Il apparaît ainsi un nouveau variant pathogène. Heureusement, la nature est bien faite car nous disposons d’une immunité naturelle (innée) et d’une immunité acquise (la vaccination), qui jouent un rôle important face à ces nouveaux agents pathogènes.
Selon Barbara Dufour (enseignant-chercheur en maladies contagieuses et épidémiologie), les causes de l’émergence des maladies infectieuses, s’explique par le vieillissement de la population et les traitements contre les maladies majeures (cancers, Sida…). Cela induirait donc une baisse transitoire ou définitive de l’immunité des individus dans les pays développés . Ce qui pourrait expliquer l’émergence et surtout la létalité des nouveaux agents pathogènes.
Facteurs liés à l’activité humaine
Il y a la mondialisation et les échanges qui donnent lieu à un brassage des personnes et des animaux, mais aussi à un transport et à une rencontre d’agents pathogènes plus ou moins virulents selon l’immunité des uns et des autres. En dehors de la mondialisation et des échanges, il y a également l’augmentation de la population mondiale.
Facteurs environnementaux
Au prime abord, nous avons le réchauffement climatique qui rabat les cartes en redistribuant la répartition géographique et les densités des vecteurs. En effet, les vecteurs volants (moustiques, chauves-souris…) et les vecteurs aptères (rongeurs, nouveaux animaux de compagnie…) sont responsables, par leur migration, de l’apparition de nouveaux agents pathogènes. En Afrique et dans les zones subéquatoriales, on retrouve comme facteur environnemental prépondérant, la consommation de viandes sauvages ou exotiques. Aussi, la faune mondiale est un réservoir bien souvent « méconnu » d’agents pathogènes.
Somme toutes, nous n’avons pas fini d’entendre parler de l’émergence ou de la réémergence de nouvelles maladies. Fort heureusement, les progrès de la science et de la médecine sont en perpétuelle évolution.