Sur Internet, des personnes sont insultées, menacées et calomniées publiquement. La haine en ligne laisse de nombreuses séquelles sur les victimes qui se sentent souvent abandonnées.
Le cyberharcèlement, qu’est-ce ?
Le cyberharcèlement est défini comme « un acte agressif, intentionnel commis de façon répétée par un individu ou un groupe d’individus à travers des moyens de communication électroniques, à l’encontre d’une victime qui ne peut facilement se défendre seule ».
Il se pratique via les téléphones portables, messageries instantanées, courriers électroniques, réseaux sociaux, etc. Concrètement, il s’agit d’user de ces derniers pour proférer des intimidations, insultes, moqueries, menaces, propager des rumeurs, créer un sujet de discussion, un groupe ou une page sur un réseau social à l’encontre d’un individu, etc.
La part des réseaux sociaux dans le cyberharcèlement
Dans toutes les interactions humaines, il y a de ces désaccords qui provoquent des confrontations parfois violentes. C’est cette constante que les réseaux sociaux et les polarités idéologiques grandissantes au sein de nos sociétés, amplifient.
De nos jours, les opinions se forgent en grande partie sur Internet. Et les réseaux sociaux ont supplanté depuis longtemps les plateaux télés et les espaces de réflexion comme endroits de prédilection pour les débats.
Alors que ce n’est pas toujours le cas, les uns ne sont pas foncièrement agressifs et les autres de passives victimes. Les rôles s’inversent très souvent, derrière nos écrans. Sur les réseaux, nous faisons preuve d’une facilité à devenir agressif et discourtois envers toute personne avec laquelle nous sommes en désaccord. Il faudrait avant tout une dédramatisation, se dire que tout ceci n’est que « virtuel ». Mais de la haine virtuelle à la violence réelle, il n’y a parfois qu’un pas.
On ne sait jamais jusqu’où le cyberharcèlement peut aller.
En juin 2019, Outre-Rhin. Un extrémiste de droite a assassiné un homme politique qui fût l’objet de violentes attaques sur Internet, et ce, pour sa prise de position sur la question des réfugiés. Le 23 mai 2020, la catcheuse professionnelle japonaise Hana Kimura se suicide à 22 ans à cause du cyberharcèlement qu’elle subissait.
Si des données concrètes ne sont pas disponibles en Afrique, le phénomène n’est pas banalisé pour autant. Il est peut-être temps de prendre à bras-le-corps le problème du cyber-harcèlement, avant que de nouveaux décomptes macabres ne surviennent. La société et la classe politique sont appelées à agir, pour éviter l’avenir sombre de l’engagement social sur Internet.
Est-ce une configuration de victimes innocentes VS agresseurs coupables ?
Les victimes sont complètement démunies face à leurs agresseurs anonymes, générant une énorme souffrance psychique. Une remise en question s’installe : « Est-ce par hasard, ma faute si je reçois autant de commentaires haineux ? N’y aurait-il que des victimes innocentes et des agresseurs coupables ? » Non, la question devrait être plus complexe que ça.
Malheureusement, le discours médiatique sur le cyberharcèlement tend fortement à polariser le débat. Les médias dressent très souvent des profils types d’harceleurs et de harcelés. Ainsi, dans leurs caricatures, les personnes harcelées sont souvent des femmes, des militant.e.s féministes ou des militant.e.s de droit LGBT et autres social justice warriors, des personnes appartenant à des minorités etc… Quant aux harceleurs, ils seraient presque tous des hommes ou des personnes adhérant à des idéologies dites extrémistes (fascistes, anti féministes).
Ce qu’il faudrait aujourd’hui, c’est que nous apprenions à écouter avant de chercher à nous faire entendre. Apprendre aussi à discuter, de façon raisonnable et constructive au lieu d’entrer en confrontation directe. Nous assistons à une forte polarisation de la société qu’il faut dépasser, et veiller à créer plus de consensus et de solidarité.