Accusés, levez-vous ! – chapitre 6

Accusés

Jusqu’à la fin de la journée, il ne m’adressa pas la parole, pas le moindre mot. Mais suis-je bête ? D’où me connait-il ? Pourquoi le ferait-il ? En plus, tu t’es bien regardée ? Tu crois vraiment que tu es attirante ? Pff, c’est le monde à l’envers. Tu croyais vraiment qu’un mec comme lui pouvait te remarquer, c’est une blague, tu es si quelconque ma chère. Retourne plutôt dans ta bulle, tu y seras plus à l’aise parce que c’est là qu’est ta place. ’’

Ma vie fut si bien résumée, on ne pouvait pas faire mieux.

Je me résignai donc, de quoi, je ne sais plus, mais ce qui est sûr, je décidai de faire comme si ces si belles minutes n’avaient jamais existé.

Je ne fermai pas l’œil de la nuit, tellement cette présence me hantait, je fis tout pour m’en débarrasser, mais c’était peine perdue.

J’arrivai plus tôt le jour suivant juste pour le voir arriver et ce fut le cas et rebelote, la même scène se produisit. Décidément ma tête et mon cœur me jouaient des tours sans mon autorisation. Il passa à côté de moi et il sentait toujours aussi bon.

Le prof nous demanda de nous présenter ce jour et sa voix, cette voix :

  • My name is Alex AMEVE and I am from Togo…

Alex, il s’appelait Alex et de surcroit, il vient du même pays que moi. Tellement beau, ce prénom Alex, tellement parfait ce prénom.

  • Lucienne, s’il te plait, as-tu un stylo à me prêter ? J’ai dû oublier le mien…

Hein !!! quoi !!! j’ai réussi ma vie !! Il m’a parlé ? Il connait mon nom ? Comment se fait-il ? A-t-il pris des informations sur moi ? C’est que je lui plais, sinon il n’irait pas le faire… J’ai trouvé mon mari, mon âme sœur, on est en phase…

  • Lucienne ?…
  • Ah…Euh…Oui… Désolée, bien sûr, tient, en lui tendant le stylo que j’avais en main.
  • Merci beaucoup, je te le rends à la fin du cours…

Je ne sus quoi répondre et baissai immédiatement le regard, ne pouvant plus supporter le sien.

Après le cours, il me rendit effectivement le stylo :

  • Merci Lucienne, je suis un peu tête en l’air parfois, je ne sais pas comment j’ai pu l’oublier…

‘‘Moi aussi, moi aussi je suis tête en l’air parfois…’’.

  • Oh non, je t’en prie, tu peux le garder, j’en ai d’autres. Mais…enfin, je n’ai pas compris, mais comment connais-tu mon nom ?
  • La présentation, quand tu t’es présentée, je l’ai entendue et j’ai aussi entendu que tu viens du Togo comme moi, c’est génial.

‘‘ Quelle idiote, pff, des informations sur toi…’’.

  • Bien sûr, c’est évident. Eh oui, je viens du Togo comme toi.
  • Moi, c’est Alex, enchanté. Ça fait déjà deux mois que je suis arrivé au Ghana, j’étudie au Sénégal en fait.
  • Ah ! et tu fais quoi ?
  • L’architecture, et toi ?
  • Les sciences agronomiques, je suis venue pour les vacances chez un oncle à moi.
  • Et tu t’es dit qu’il fallait en profiter pour donner un coup de pouce à ton anglais.
  • Effectivement, c’est exactement ce que je fais là. Et toi ?
  • Moi pareil, mes parents ont divorcé et ma mère vit depuis un moment ici, et donc pour les vacances, j’ai décidé lui rendre visite et aussi perfectionner mon anglais.
  • Génial.
  • Mon chauffeur vient d’arriver, désolé mais je dois te laisser. On se dit à demain ?
  • Oui, à demain.

Je le vis s’éloigner et se retournai pour me dire au revoir de la main, un signe que je pris comme un avertissement à capituler, il était de la haute société, le fossé est donc plus grand. Je rentrai le cœur lourd en voulant un peu à la vie.

Fermer les commentaires

Ajouter un commentaire