Quelque chose lui donna de la force et elle se traina, jusqu’à sa garde-robe et sortit une boite où se trouvait ce carnet qu’elle avait caché pendant toutes ses années. Durant ces cinq années, elle n’avait pas oublié qu’il était là, mais elle s’était promis de ne plus jamais relire les notes qui y étaient. Hélas…ce soir, le sort eut raison d’elle, elle ne le voulait pas mais elle y était obligée.
« Décidément, c’est le plus beau garçon que j’ai jamais vu, il est si élégant, prévenant, attentionné, charmant… Je pourrai le qualifier sur toutes ces lignes. J’aime tellement la manière dont il me parle, cette façon qu’il a, à lui seul, de me dévisager et ce sourire coquin qu’il sait si bien afficher sur ce beau visage. Je crois qu’Alex, mon Alex (cela sonne si bien) est l’incarnation parfaite de la beauté.
Quand il me prend dans ses bras, tout s’arrête, absolument tout et plus rien n’a de l’importance à mes yeux. J’aime contempler ce joli visage quand il me parle, j’en arrive même à perdre le fil de ce qu’il me dit. Ce regard m’emprisonne, les seuls moments où je peux le contempler, c’est quand il me parle, alors j’aime quand il me parle.
Pendant ce temps, je scrute chaque ligne de son visage, j’essaie de deviner un ‘Je t’aime’ dans son regard, j’essaie de voir s’il est heureux là maintenant avec moi, s’il est plus heureux avec moi qu’avec les autres. Il représente tout ce que j’aime et veux. Dans ses délires, il me fait tellement rire : il sait me faire rire même s’il n’a pas besoin de grand-chose.
Ses lèvres lui vont si bien, elles sont parfaites comme ça sur lui. Je donnerai tout pour qu’il me prenne dans ses bras à chaque fois que l’on voie ou juste pour que sa peau frôle la mienne. Parfois ou plutôt souvent, je fais une prière intérieure intense pour que cela arrive, mais la plupart du temps, je ne suis pas exaucée, et cela m’attriste à un si haut point.
Je démérite à ce point juste un câlin venant de lui ? Quand on se sépare, j’ai toujours l’impression de recevoir un couteau en plein cœur. Je ne pourrai jamais oublier cette nuit, cette nuit où la providence l’a poussé, où son désir l’a poussé à poser ses lèvres sur les miennes. Ce fut comme une empreinte indélébile posée sur mon âme, mon premier baiser.
J’aime cet homme de tout mon cœur, mon amour pour lui est sincère, pur et vrai. Et je suis convaincue qu’il ressent la même chose pour moi. Lui et moi ne formons qu’une seule âme maintenant. Et maintenant plus que jamais, il est à moi et je suis à lui. Je l’aime tellement. On aura que trois enfants, trois, je crois que c’est suffisant et on les éduquera si bien. Tout ce que je demande, tout ce que je veux, c’est lui, c’est Alex… »
Elle referma le carnet avec dédain, laissant échapper une énième larme.
- Comme je le déteste maintenant, je le déteste à la hauteur de mon feu amour pour lui… murmura-t-elle.
Elle était dans ses réflexions et ne remarqua pas à temps l’appel de Ben.
- Allo mon cœur, ça va mieux ?
- Oui Ben, ça va. Toutes mes excuses pour ma réaction de ce soir
- Non tu n’as pas à t’excuser, j’ai été maladroit. Alors, que fais-tu ?
- Rien, je suis juste allongée sur le lit
- Tu y penses encore ?
- Non, ne t’inquiète pas. Ça va passer
- Tu me manques énormément déjà
- Tu me manques aussi. Maintenant, va te reposer
- Merci, bonne nuit à toi aussi. Dieu te garde pour moi.
Elle se coucha, mais rêva encore toute la nuit de la scène la plus horrible de sa vie, comme si elle y était condamnée. Chose curieuse, la plupart du temps quand elle en rêvait, elle se voyait le repousser de toutes ses forces et arrivait à s’enfuir. Mais si seulement…