Je racontai tout à papa et tout ce qu’il trouva à dire c’est :
- Donc samedi, on va aller voir les policiers ? Tu sais si ça va passer à la télé ? En tout cas, j’ai une veste que je voulais porter depuis mais je n’avais nulle part où aller. Ça tombe bien même.
Le samedi, ce samedi arriva.
Dans cette salle, où on était réunis, tous, ce matin, chacun, je pense, aurait voulu être ailleurs à cet instant précis.
Chacun adoptait la position qui lui semblait le mieux indiqué et bientôt, tous, sans exception, seraient accusés.
Le juge commença, il était maitre suprême :
- Je déclare l’affaire numéro 0129 094T45 ouverte. Monsieur le procureur, à vous la parole.
- Merci votre honneur, commença le procureur. Alors, nous sommes ici aujourd’hui pour juger une affaire des plus communes.
« Des plus communes ? ». Il continua :
- Cette affaire oppose une jeune fille, Lucienne à ce jeune garçon Alex. Il s’agit d’une affaire de viol. Les faits se passent le samedi 15 juillet… où la nommée Lucienne, étudiante, se rendit au domicile du sieur Alex pour, dit-elle, une discussion. Arrivée, elle le trouva soul et lui proposa d’aller prendre une douche pendant qu’elle partirait. Le sieur Alex, ne l’entendant pas de cette oreille, il la força et abusa d’elle. Voici les faits votre honneur.
- Merci Monsieur le procureur. Place à l’accusation.
L’avocat que Ben m’avait trouvé prit la parole :
- Je prends la cour à témoin, le viol de nos jours est tellement minimisé, pour certains, c’est un acte banal, le moindre des crimes et même si cela l’était, ma foi, il n’y a pas de petit péché. Monsieur le procureur ne vient-il pas de qualifier cette affaire de « commune » ?
- Mademoiselle Lucienne, est une jeune fille très brillante, intelligente, en témoignent ses diverses notes à l’école. Comme tout jeune de son âge, elle se lie d’amitié avec Rania, Ben et Alex. Rendez-vous compte avec moi, il n’y a que trois noms sur cette liste, c’est pour vous expliquer à quel point elle est casanière et donc préfère se consacrer à ses études, bref : elle veut réussir.
- Mais ce samedi 15, poursuit mon avocat, elle regrettera d’avoir, entre temps, allongé la liste de ses amis, en y ajoutant, notamment, le sieur Alex. Car, arrivée chez celui-ci, il préfèrera assouvir ses désirs sexuels que de discuter comme cela était convenu. Monsieur Alex décida de violer celle qu’il appelait son amie…
- Objection, votre honneur, coupa, l’avocat d’Alex, je ne tolère pas que l’on profère des mensonges contre mon client. Jusqu’ici, ce n’est qu’un présumé coupable, aucune preuve ne peut étayer ce que mon collègue vient de déclarer. Pour cela, j’appelle à la barre, Monsieur Alex.
Chose étonnante, le juge accepta.
Il jura de dire la vérité :
- Monsieur Alex, reconnaissez-vous les faits qui vous sont reprochés ? Je veux dire, avez-vous abusé de Mlle ici présente ?