Accusés, levez-vous ! – chapitre 4

Accusés

Je m’assis sur un reposoir face à la route, quand j’entendis une voix qui me glaça le sang. Celle-ci, je la reconnaitrais parmi mille, elle est unique, c’est la seule qui pénètre tout mon être, qui peut à la fois me calmer et me remonter en même temps, elle résonne comme un doux tonnerre, elle me ramena un an en arrière :

  • Bonjour Lucie…

J’eus du mal à me retourner, tellement j’avais l’impression de rêver et j’oubliai, en un clin d’œil, tout autour de moi.

  • Qu’est-ce que tu as ? Tu ne me reconnais plus ou quoi ?
  • Humm….
  • Lucienne, tout va bien ? Tu me fais peur…
  • Non, non, finis-je par marmonner, désolée…Non…Oui tout va bien… Je … enfin…désolée…

Et au moment même où je suppliais le ciel intérieurement pour qu’il ne me demande pas un câlin, d’un coup de maitre, il me fit lever et m’attira, violemment, avec douceur vers lui et me prit dans ses bras… J’eus le souffle coupé, rien n’était plus réel, moi qui suis si timide et réservée, j’avais oublié tout ce monde qui m’entourait.

Là, on était plus que deux sur ce campus, lui et moi ou plutôt, moi en lui, nous ne faisions plus qu’un. J’aurais tout donné pour que ce moment dure le temps de toute une vie. Ce n’était juste pas croyable ce que cet être si parfait pouvait me faire ressentir, j’eus l’impression que mon monde commençait et se limitait à lui, rien qu’à lui. Je sentais mes mains trembler tout au long de son dos si robuste. Il s’écarta comme il m’attira il y a un instant et s’écria :

  • C’est incroyable !!! Je n’arrive pas à croire que tu sois là, devant moi, Lucie…, ma Luciole…

Ma Luciole, s’il savait à quel point j’aimais qu’il m’appelât ainsi…

  • Dis-moi, comment vas-tu pour moi ?
  • Je vais bien Alex, je n’arrive pas non plus à croire qu’on se croise ici, dis-je enfin après moult efforts intérieurs.
  • Tu m’as tellement manquée, tu sais ?
  • À moi… aussi, tu n’as pas idée. Alors dis-moi, que fais-tu ici ?
  • J’ai accompagné un ami ici et je voulais aussi voir à quoi ressemblait le campus.
  • Ah ok, mais je veux dire, t’es rentré ? Quand ? Et pourquoi ?
  • ….
  • Hééé Alex !, cria une voix derrière moi, mais où étais-tu passé ? Je te cherchais partout.
  • Désolé, répondit-il, j’avais reconnu une amie et je suis venu la saluer.

Il s’approcha de nous et me serra la main tout en m’adressant une salutation.

  • Ben, je te présente Lucie et Lucie, voici Ben, l’ami que j’ai accompagné.
  • Enchanté Lucie, ravi de faire ta connaissance, dit-il dans un sourire tout aussi charmeur que sa démarche.
  • Enchantée aussi…
  • Mec, on va être en retard, j’ai fini, il faut qu’on parte maintenant.
  • Oh, je n’avais pas vu l’heure. Désolée Lucie, je vais devoir te laisser, mais s’il te plait, donne-moi ton numéro, je t’appelle, d’accord ?
  • Ok, pas de problème, dis-je en tapant mon numéro dans son téléphone…
  • Ravi de t’avoir revue ma chérie, dit-il en me prenant, encore une fois, encore… dans ses bras et je me retins de justesse pour ne pas chavirer.

Je restai là à les regarder s’éloigner dans une Mercedes cendre et ce fut comme un mirage. Je ne pouvais plus bouger, j’étais tétanisée, ma tête, bloquée, je n’arrivais plus à réfléchir, et ce n’est pas faute de m’y forcer. Alex ? Ici ? C’est incroyable. Est-ce un rêve ? Je me touchai pour m’en assurer, non, c’est bien réel : Alex était ici et il m’a pris dans ses bras et ce, deux fois de suite.

Ça y est, c’est bon, je suis au paradis, je ne veux plus redescendre, je suis bien là, plus rien ne peut me faire redescendre sauf, la voix de Rania, qui criait, je pense, une énième fois mon nom.

  • Lucienne, ça va ? Mais qu’est-ce que tu as ?
  • Hein, euh… Désolée…non rien.
  • Rien ? Tu sais combien de fois je t’ai appelée ?
  • J’étais en train de réfléchir à un truc… C’est tout… Ne t’inquiète pas, tout va bien…
  • Humm, toi hein. C’est bon ? Tu as fini ? Moi j’ai faim, on va manger, dit-elle en me devançant.

Moi, je n’avais pas du tout ou plus faim, j’eus l’impression que cette seule présence d’Alex, là-devant moi, m’a rassasiée et je ne voulais rien faire d’autre que d’y repenser encore, encore et encore. Pour la peine, je pris juste un sandwich que j’eus du mal à finir, prétextant un mal de ventre pour qu’elle ne me posât pas trop de questions.

Inutile de rappeler que je n’ai rien retenu de tout ce que les profs ont pu dire de la journée, j’étais sur mon nuage et je m’y sentais bien.

Enfin, je suis à la maison, chez moi, enfin… Dans cette pièce qui me servait de logis et à mon père quelques fois, j’étais allongée sur ce matelas d’une place qui me servait de couche.

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