Accusés, levez-vous ! – chapitre 15

Accusés

Il m’énerve avec son entêtement.

  • Ok, ce samedi, ça te va ? Je finis les cours déjà à midi, tu peux passer au campus.
  • Ok super, merci beaucoup. Bonne soirée à toi.

Je raccrochai sans lui retourner le souhait.

Je priai pour que ce samedi n’arrive jamais, mais il arriva. Il me retrouva sur le campus :

  • Bonsoir Lucie, comment tu vas ?
  • Bien et toi ? Alors pourquoi voulais-tu me voir ?
  • Non, attends, pas ici. On va aller dans un restaurant proche du campus ici.
  • Ce n’est vraiment pas la peine de te déranger, on peut bien discuter ici, personne ne nous dérangera.
  • Mais qui te dit que je veux discuter ? Peut-être que je veux juste un endroit calme pour t’admirer toi…

« Quel idiot, quel idiot, avec sa grande gueule là »

  • Lucie, continua-t-il en pouffant de rire, je plaisante. S’il te plait, accepte et viens avec moi, je ne te prendrai pas trop de temps.

Je ne pus tenir tête devant son entêtement, disons qu’il avait le don de me convaincre.

  • Alors, que deviens-tu ? Me demanda-t-il après que l’on a trouvé une table.
  • Comment ça ? Je ne comprends pas.
  • Je veux dire, que fais-tu maintenant ?
  • C’est moi ou tu n’as pas remarqué que je suis étudiante ?
  • Euh…Lucie, y a-t-il un problème entre nous ? J’ai l’impression que quelque chose ne va pas ?

« Il a l’impression que quelque chose ne va pas !? Je le déteste »

  • Non, tout va bien, je suis juste un peu stressée par rapport aux examens qui approchent.
  • Ah d’accord, tu étudies quoi déjà ?
  • Les Sciences Alimentaires et Technologie des Aliments.
  • C’est bien ça, tu me l’avais dit, donc on pourra manger tranquille…

« Ouais, c’est ça, tu ne sais pas comment je meurs d’envie de t’empoisonner, tu mangeras tranquille »

  • Ouais, dis ça…
  • Et qu’est-ce que tu aimes de cette option ?

Ma passion pour ce domaine me fit oublier, pour un instant, la haine que je ressentais pour lui. Je me mis à lui expliquer de long en large les raisons qui m’ont poussée à opter pour les industries agro-alimentaires, et il m’écouta avec attention et je crois avec un peu d’admiration aussi.

  • Waouh ! Lucie, tu me fais regretter ma filière. Tu aimes vraiment ce que tu fais.
  • Et toi ? Toujours dans les immobiliers ?
  • Oui, l’architecture, je suis en plein là-dedans et j’ai commencé le Master.
  • Et tu es en vacances, c’est ça ?
  • Euh, non, je fais le master ici, à Lomé, disons que maman et moi sommes revenus à Lomé pour un bout de temps.
  • Quoi ? Tu es revenu à Lomé ? Je veux dire, tu es là ?
  • Je ne sais pas si cela, te fait-il plaisir ou plutôt le contraire, dit-il en riant, mais oui, je suis revenu au pays.

« Merde, merde… »

  • Oh non, c’est bien, tu fais ce que tu veux hein.

On se mit à discuter de tout et de rien et quand il voulut me raccompagner à la maison, je mentis de devoir finalement retourner au campus :

  • Mais tu m’avais dit que tes cours finissaient à midi.
  • Oui, mais j’ai un travail de groupe, tu sais, les examens, il faut qu’on bosse…
  • Ok, je vois, je te dépose au campus donc.
  • Ok merci…

Dans d’autres circonstances, cette proposition serait la bienvenue, mais là, ce n’était pas possible qu’il me ramène chez moi, je vais encore devoir marcher pour retourner à la maison, pas grave.

Toute cette situation tournait dans ma tête tel un film. Je perdais de ma concentration.

Je fus accueillie par les insultes de mon père bourré, chose à laquelle je m’étais habituée, mais à chaque fois, je me faisais tellement pitié me demandant ce que j’avais fait pour mériter un tel père.

  • Comment se fait-il que tu reviennes si tard ? S’écria-t-il
  • Tard ? Mais papa, il n’est que 18h…

Avant que je n’eus le temps de terminer ma phrase, il m’asséna une gifle que je ressentis plutôt au plus profond de mon cœur.

  • C’est à moi tu parles comme ça ? ça ne va pas dans ta tête ? Dégage ici et va me chercher quelque chose à manger…
  • Mais papa, il n’y a rien…
  • Toi encore ? Tes amis sont là dehors à se débrouiller, toi une grande fille comme ça, tu es ici et tu ne me sers à rien… D’ailleurs, je vais te chasser d’ici très bientôt, tu es comme ta mère, paresseuse…

Mes larmes étaient mes seuls témoins, je pris 500 Frs sur ma recette de la journée et sortis lui acheter du riz et de la viande.

Moi, je n’avais pas faim en plus si j’en achetais aussi pour moi, on ne pourrait pas finir la semaine. Il mangea copieusement sans me demander pourquoi je ne mange pas.

Cette nuit, je reçus un message d’Alex, me demandant qu’on se voit encore le lendemain, chose que j’acceptai sans y réfléchir une seconde.

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