Les centenaires sont étudiés aux quatre coins de la planète. Leur longévité incroyable concentre sur eux toutes les interrogations et inquiétudes liées aux limites de la vie et au vieillissement de la population. Nous irons à la découverte du mystère des centenaires de l’île d’Okinawa, encore surnommé « la terre des immortels« . Sur cette île du Japon*, les anciens font l’objet d’un véritable culte, surtout dans le petit village d’Ogimi.
Le village mondial de la longévité
À l’entrée d’Ogimi, trône une stèle en pierre. On peut y lire : « À 80 ans, tu es encore un gamin. Et si à 90, la faucheuse vient te chercher, dis lui : Passe ton chemin et revient lorsque j’aurais vécu au moins 100 ans. » À Ogimi, le temps se dilate. Il s’étire comme si les montres et les horloges ne tournaient pas au même rythme que celles du reste de la planète. Un tiers des 3500 habitants de la commune d’Ogimi a plus de 65 ans. En 1995, la commune s’est vue décerner le titre de « Village mondial de la longévité« . Depuis 1980 au Japon, le nombre de centenaires double tous les dix ans. Et selon certains démographes, ils pourraient être un million après 2050. À Ogimi, on ne fait pas que vivre très vieux. On vieillit tout en restant vaillant et en bonne santé. Comment font ils donc pour avoir une telle longévité ?
Vie sociale des habitants
Chaque habitant d’Ogimi de plus de 90 ans fait l’objet d’une attention toute particulière. Ils sont non seulement connus, mais en plus sont suivis. Un planning avec différentes activités leur est proposé mensuellement. Des exercices de gymnastique font non pas que fortifier le corps des nonagénaires et centenaires, mais cultiver l’art d’être heureux ensemble. Pour ceux qui ne veulent pas ou ne peuvent plus sortir, la découverte d’un lot de photos anciennes est une occasion de prendre de leur nouvelle. Selon une vaste étude médicale, entamée il y a plus de 30 ans par des chercheurs japonais et américains, les personnes très âgées qui gardent une vie sociale très active sont très peu sujettes aux maladies et à la dépression.
Les vieux okinawais souffrent cinq fois moins d’affections cardiaques que les Américains du même âge, de moins de cancers et de pathologies comme la maladie d’Alzheimer.
Habitudes alimentaires des centenaires
D’après une étude scientifique menée par le cardiologue Makoto Suzuki, l’ensemble des centenaires okinawais a très peu d’oxydes radicaux dans le sang. Soit environ 50% de moins que les autres personnes du même âge dans les pays occidentaux. Ces radicaux libres, naturellement produits par le corps quand ce dernier transforme les aliments en énergie, ont un impact important sur la longévité. Ils sont réputés pour endommager les cellules de notre corps et en accélérer le vieillissement. Plus on consomme de nourritures, plus notre organisme en fabrique.
Le régime alimentaire des habitants d’Okinawa est très simple. En effet, les centenaires se contentent d’un repas frugal, composé de légumes, de tofu (un fromage de soja local), d’un peu de riz et d’une petite portion de poisson ou de viande. Pour le gérontologue Craig Willcox, le régime alimentaire qu’ils ont suivi toute leur vie est un véritable laboratoire de médecine préventive.
Que retenir du cas d’Okinawa ?
Vous l’aurez surement compris : l’alimentation est très importante à toutes les étapes de la vie. La grande majorité des centenaires d’Okinawa ont vécu leur existence avec un régime alimentaire très stricte, très pauvre en calories, et pourtant assez dense et nourrissant. Pour eux, c’est une alimentation idéale pour bien vieillir.
La majorité des anciens cultive en grande partie ce qu’ils consomment. On peut trouver dans leur jardin : des « goya »(sorte de concombre local), des haricots, des herbes sauvages, des légumes introuvables sur aucun marché, etc. Beaucoup de ces aliments précités sont consommés sous leur forme la plus naturelle que possible, crus ou à peine cuits. Ils offrent une nourriture variée, très pauvre en calories et pourtant nourrissants. Ironie de l’histoire, les habitants de l’île n’avaient tout simplement pas accès à une nourriture riche, car étant pauvres.
De plus, on applique à chaque repas, le « Hara Hachi Bu« . Ce précepte d’origine confucéenne qui signifie « Manger lentement jusqu’à ce que son estomac soit rempli à 80%, puis s’arrêter ». C’est quasiment une règle de vie pour les habitants de l’île, une condition indispensable pour vivre longtemps et en bonne santé. Tous les centenaires à Okinawa ont également une sorte de raison d’être. Ils ont ce qu’on appelle « un ikigaï« , une force qui les pousse à sortir du lit le matin. Pour eux, chaque nouveau jour est un cadeau quand on devient centenaire.
*Le Japon est à l’heure actuelle, le pays dans le monde où l’on vit le plus vieux. On y compte 40.000 centenaires, et 9 d’entre eux résident à Ogimi.