C’est ainsi que je vis le corps sans vie
De ma douce Emily, ma tendre amie.
Elle gisait en sang derrière la bougie
Qui éclairait la scène de son agonie.
Il faisait si chaud en cette nuit de février
Où nous avions osé braver le destin,
Acceptant l’invitation d’un étrange lettré,
Il nous promettait un jeu de poésie sans fin.
C’est toute l’histoire d’une vie
Que je vais vous conter avec effroi.
L’horloge sonnait minuit et demi
Quand je la vis pâlir, ma muse à voix.
Ma copine s’appelait Emily,
Brave étudiante en biochimie.
Ah la fac ! Ce paradis maudit
Où se mêlent envies et folies.
Par un de ces soirs de samedi,
Nous fûmes conviées à un party
D’un club secret : Le slam-poésie.
Elle adorait les mots, elle fut ravie.
Et sans hésiter, je lui dis oui,
À la dernière danse de Lily,
La reine de mode de Fac-City.
Crop tops, talons, nous partîmes ainsi…
Nous arrivâmes devant un sombre manoir
Où régnait une atmosphère de désespoir,
Des masques effrayants, des bougies noires
Décoraient les murs et les escaliers teintés or.
Nous fûmes reçues par un hôte sinistre
Qui nous fit signer un contrat funeste.
Il nous dit : » C’est un jeu sans amalgame »,
Mais qu’il fallait respecter les règles du slam.
Nous entrâmes dans une salle obscure
Où se tenait une scène de troubadours.
Des strophes déchiquetées, des cris d’horreur
Remplissaient l’air d’une odeur de terreur.
Nous vîmes alors un micro sur un pied,
Un acrostiche qui disait : « À vous de déjouer ».
Emily, curieuse, s’approcha du micro
Et se mit à déclamer un poème très beau.
Elle parlait d’amour, de liberté et de rêve,
Elle captivait l’audience, elle était si brève.
Mais soudain, un bruit sourd retentit dans la loge,
Et une lame tranchante lui transperça la gorge.
Elle s’effondra sur le sol, le sang giclant,
Et je poussai un cri sourd et déchirant,
Je courus vers elle, mais il était trop tard,
Elle était morte, son regard était hagard.
Je me retournai vers l’hôte, furieuse
Je lui demandai ce qu’il voulait, bête odieuse.
Il me répondit avec un rire sardonique
« Tu as lu le contrat, c’était un slam tragique »
Il me dit que c’était le prix à payer
Pour participer à son jeu macabré*,
Que chaque slameur devait risquer sa vie
Le gagnant serait le seul avec un sursis.
Je compris alors que j’étais piégée,
Je devais me battre pour m’échapper.
Je saisis le micro et je lançai un défi
À tous les autres slameurs, mes ennemis.
Je leur dis que j’allais venger Emily
Je n’avais pas peur de mourir pour elle
Je leur dis que j’étais la meilleure rebelle
Je n’allais pas me laisser mettre du vernis.
Je commençai alors à slamer avec rage
Et à déverser ma colère sur la plage
Je rimais avec force, audace et style,
Je sentais que je prenais le dessus sur la foule.
Hélas je ne savais, létale allait être la dose
Et que le jeu n’était pas encore terminé
L’hôte avait prévu une dernière surprise,
Une bombe sous la scène, prête à exploser.
Je terminai mon slam avec honneur
Et je reçus une folle ovation du public.
Je crus que j’avais gagné l’or d’un disc
Et que j’allais sortir de ce cauchemar.
Mais l’hôte me dit que ce n’était pas fini
Et qu’il restait encore un dernier slameur
Il me montra du doigt un homme en gris,
Qui se tenait dans l’ombre, d’un air moqueur.
Il s’avança vers le micro et il posa sa voix
Mais je fus surprise par ses paroles
Car il ne parlait pas de poésie, mais de moi.
Il me raconta ma vie, mes secrets mortels.
Il me dit qu’il me connaissait depuis la nuit
Et qu’il m’avait choisie pour son jeu cruel
Emily n’était que ce dommage véniel :
« Bienvenue au cercle des poètes maudits »
Je restai pétrifiée, sans voix, sans réaction,
Je ne savais comment réagir, ni que faire,
Je me sentis impuissante. Ô damnation !
Je me résignai à accepter mon sort, cet enfer.
(Et j’ai crié vengeance !)
À suivre…
*Macabré : Néologisme (macabre), adjectif qui concerne les cadavres.
Un extrait du texte inédit : Slam fatal ou La dernière danse d’Emily.