Elle est devenue aujourd’hui un art, un jeu dans le monde, cependant on peut se demander quelle a été la place de la lutte dans la culture africaine ? Elle n’a pas été perçue par les initiateurs comme un jeu ou un art, la lutte, pratiquée à travers le continent africain depuis des siècles, est bien plus qu’un simple sport.
Elle représente une tradition culturelle profondément ancrée dans le tissu social africain. Ce sport, avec ses règles et ses rituels, joue un rôle crucial dans l’identité et la cohésion des communautés africaines.
Chez nous au Togo, c’est EVALA, c’est un ensemble de rites initiatiques pratiqués en pays Kabyè, dans la région de Kara, au nord du Togo. Ces rites marqués principalement par des pratiques de combat et d’autres cérémonies marquent le passage à l’âge adulte pour les jeunes de 18 à 20 ans. (Les migrations rurales des Kabyè et des Losso, Bernard Lucien-Brun et Anne-Marie Pillet-Schwartz)
En Afrique du Sud, il est appelé les Zulu Impi, Isinaphakade Samathongo, Nguni, Xhosa, tandis qu’en Angola, la Bassula (du kimbundu basula : casser) est pratiquée par les pêcheurs de la région actuelle de l’Angola. En général, les combats se déroulent en cercle, le plus souvent sur la plage afin de réduire le risque de blessure. Le but est d’immobiliser, mais surtout de faire tomber son adversaire par des prises ou balayages, sans coups.
Partout en Afrique, nous avons cette culture initiatique, ce qui confirme encore ce que je disais dans cet article sur la probable coexistence de tous les peuples africains à un moment donné. Attention, ce ne sont que de simples hypothèses qui méritent d’être vérifiées.
Pourquoi cette culture de la lutte en Afrique
De tribus en tribus, des champs de bataille aux arènes traditionnelles, chaque confrontation raconte une histoire de force, d’honneur et de tradition millénaire. La lutte avait une mission de pacifiste.
Elle est un événement social et culturel qui rassemble les gens. C’est le cas des EVALA au Togo qui permet à la communauté de revoir certains de ses fils et filles qui y reviennent pour l’occasion et aussi de rappeler aux enfants de cette communauté l’importance du vivre-ensemble, de la cohésion sociale meme s’il peut parvenir des conflits.
C’est aussi un rite de passage pour les jeunes hommes, symbolisant la transition vers l’âge adulte, aussi utilisé pour demander en mariage une femme qui, à travers cette lutte, découvre l’énergie et le courage de son partenaire auprès de qui elle aurait de la sécurité.
La lutte africaine incarne à la fois la virilité des hommes et la séduction des femmes, ancrées dans les rituels et les coutumes de la culture africaine.
Elle sert également de moyen de résoudre des conflits sans recourir à la violence physique. Chaque combat est un hommage à l’héritage des ancêtres et un lien intangible qui relie les générations passées et présentes.
Hypothèse de l’origine des luttes en Afrique
En tant qu‘historien de formation, j’enonce cette hypothèse selon laquelle tous les peuples auraient vécu au même endroit à une période de l’histoire de l’humanité. Lorsqu’on veut interroger l’histoire, on lit à travers ces similitudes culturelles, ces pratiques que l’on retrouve chez différents peuples, on constate que l’Afrique a tant donné au monde qu’elle en reçoit.
Ainsi, même si l’on refuse de l’admettre, le passé existe toujours dans notre quotidien. C’est un peu ce que disait Salomon dans la Bible : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. »
Vous y trouverez encore d’autres caractères hustoriques comme ces traits qu’est la lutte, la conception de la mort… La lutte aurait donc eu des origines anciennes, remontant à des millions d’années, car les fouilles archéologiques, les études des premières formes d’écritures démontrent une tradition très ancienne.
Que retenir ?
À travers les âges, elle a évolué en intégrant divers éléments culturels et elle s’est adaptée au contact des peuples et aux spécificités régionales. Les historiens la considèrent comme l’un des sports les plus anciens au monde, avec des racines profondes en Afrique.
Elle a survécu aux différentes formes de colonisations, s’est adaptée aux changements sociaux et politiques, et a conservé sa popularité en dépit des influences extérieures. Dans les périodes précoloniales, cette pratique était une partie intégrante des rituels et des cérémonies, et elle a continué à jouer un rôle central malgré les tentatives d’imposition de nouvelles pratiques culturelles par les colons.
Aujourd’hui, elle rejoint les sports des Jeux Olympiques et devient un luxe, une noblesse. Et pour remémorer ce rite ancestral, il faut lire les bases de cette culture, sans toutefois s’abstenir de vivre l’émotion dans cette culture, dans ce sport, car elle reste un pont entre le passé et le présent, un moyen de renforcer les liens communautaires et de promouvoir le vivre ensemble.
Nous sommes appelés à préserver un patrimoine aussi précieux pour les générations futures. La lutte africaine est bien plus qu’un simple sport : c’est une expression vivante de l’histoire, de l’identité et de la spiritualité africaines.