La mue est un phénomène biologique sous contrôle hormonal qui intervient chez certains animaux au cours de leur vie. Même si celle des reptiles et des insectes est plus connue par le public, rares sont ceux qui savent qu’il existe ce phénomène chez la poule. Cette mue permet le renouvellement du plumage en plus d’un rajeunissement de l’organe reproducteur, un facteur qui intéresse de plus en plus d’aviculteurs.
Dans l’élevage des poules pondeuses où l’on recherche une ponte accrue des œufs chez un seul animal, la mue devient alors un atout essentiel. Grâce à plusieurs travaux de chercheurs, on sait qu’elle peut être enclenchée chez l’animal de façon artificielle : on parle alors de mue induite.
L’élevage des poules pondeuses est une affaire de cycles
L’élevage des poules pondeuses peut être réduit en 3 phases : le démarrage, la croissance et la ponte, généralement atteinte entre la 16ᵉ et la 20ᵉ semaine.
Une phase de ponte normale, donne l’allure d’une courbe en cloche, c’est-à-dire le nombre d’œufs augmente progressivement, atteint un pic et après chute progressivement jusqu’à la fin du cycle. Cycle qu’on peut situer aux alentours des 80 semaines d’existence de la pondeuse.
Au-delà de cette phase, ces poules ne produisent plus assez d’œufs et donc ne sont plus rentables à côté de ce qu’elles consomment comme nourriture. Dès lors, les éleveurs préfèrent les vendre sur le marché. A côté, une poule en liberté vit en moyenne 6 ans avec des stades de mues.
Alors des chercheurs ont pu conclure qu’à la fin d’un cycle de ponte, au lieu de revendre les poules pondeuses, on pourrait induire une mue et ainsi leur permettre de démarrer un nouveau cycle de ponte.
La mue induite, comment elle se fait ?
La mue peut être induite chez la poule à l’aide de produits chimiques ou par un arrêt total d’alimentation. En réalité, les méthodes utilisées consistent à soumettre la poule à un stress prolongé jusqu’à ce que la mue ne se déclenche d’elle-même.
Avant d’entamer le processus de mue, il convient de vérifier que les pondeuses sont bien portantes au risque de voir l’effectif diminuer. On arrête l’apport de nourriture et d’eau au troupeau sur généralement 14 jours, ( NB :dans le cadre de la mue induite chez les pondeuses ces valeurs varient en fonction de la race des poules et d’autres facteurs) jusqu’à l’obtention d’un poids moyen recherché. Pendant ce temps les animaux dépérissent et perdent leur plumage, certains parmi le troupeau meurent sous l’effet du stress et la ponte devient nulle à un certain moment.
On note qu’au cours de la période de stress, le système reproducteur de la poule pondeuse s’atrophie. Après avoir atteint les normes indiquées en termes de poids, on recommence une alimentation graduelle des pondeuses. Tout d’abord avec de l’eau, ensuite avec de la nourriture (en augmentant la quantité servie petit à petit).
Après un certain temps, elles recommencent à pondre des œufs plus gros que lors du cycle de ponte précédent. C’est un rajeunissement forcé de l’appareil reproducteur de la pondeuse qui vient d’être réalisé.
Une pratique qui n’est pas sans risque
La nouvelle phase de ponte ne dure pas autant que la première, mais les producteurs parviennent à remplacer le déficit numérique par la taille de ces œufs.
Il faut noter que la mue induite est toujours en phase expérimentale (même si de plus en plus d’aviculteurs la pratiquent de nos jours), et si certains paramètres ne sont pas pris en compte, l’éleveur risque de perdre tout son troupeau. Bien que les résultats soient favorables, ce n’est pas non plus un phénomène à répéter sur le même troupeau indéfiniment.