Les morsures de serpents : des morsures « blanches » dans la plupart des cas ? Combien en meurent chaque année ?

Véritable fléau en milieu tropical, les morsures de serpents sont des blessures provoquées par la pénétration des crochets d’un serpent dans la peau d’un individu, et pouvant être accompagnées ou non d’une envenimation. En cas d’envenimation, la létalité sans traitement avoisine 90 % voire 100 % avec certains reptiles.

D’après les chiffres de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé, en 2019), 5,4 millions de personnes sont mordues chaque année. Il y a envenimation dans 33 à 44 % des cas de morsures et en moyenne 110.000 personnes en meurent chaque année. La plupart des cas surviennent en Afrique, en Asie et en Amérique latine et touchent surtout les agriculteurs et les enfants. Le sérum antivenimeux constitue le seul traitement efficace contre les morsures de serpent

Quels sont les signes de gravité devant une morsure de serpent ? La pierre noire est-elle efficace ? Que faire en cas de morsures de serpent et quels sont les moyens de préventions ?

Les signes de gravité

Un serpent n’injecte pas toujours son venin lors d’une morsure : on parle dans ce cas de morsure blanche ou de morsure sèche. Les symptômes se limitent alors à des symptômes locaux à type de douleur et de fourmillement au niveau de la blessure. Dans les cas de morsures avec envenimation, surviennent une variété de symptômes généraux dépendant de l’espèce de serpent en cause. Ces manifestations sont à types :

• D’œdème du membre
• D’une forte douleur au niveau de la zone de morsure
• Des troubles de coagulations à type d’hémorragie interne ou locale
• De troubles neurologiques
• Vomissements
• Des troubles respiratoires et des troubles cardiovasculaires

Il arrive qu’une morsure d’un serpent, même inoffensive, soit grave à cause du risque d’infection et de réaction allergique qu’elle peut occasionner.

La pierre noire : Une efficacité controversée

Constituée par un fragment d’os torréfié en milieu réducteur, lui conférant des propriétés absorbantes, l’efficacité de la pierre noire fait débat depuis des décennies et a suscité plusieurs études.  Ainsi, d’après des années d’études et de recherches, le Dr Jean-Philippe Chippaux ; médecin et docteur en santé publique, directeur de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD-Paris) affirme :

« Les systèmes d’aspiration instrumentale ont fait l’objet d’études expérimentales qui ont montré leur faible efficacité. Le venin se diffuse très rapidement dans l’organisme et l’action locale de l’aspiration est trop limitée pour avoir un rendement suffisant ».

La pierre noire n’agit que par effet placebo, calmant l’angoisse de la victime et ses agitations et donc n’ayant aucun effet sur les envenimations.

Que faire en cas de morsures de serpents ?

Les morsures de serpents constituent une urgence sérieuse dont la gravité dépend d’une multitude de facteurs, en particulier de l’espèce de serpent en cause, de la zone mordue, de la quantité de venin injectée et de la rapidité de la prise en charge.

Dans un premier temps, il sera nécessaire d’identifier l’espèce de serpent concernée. L’idéal serait d’apporter le serpent mort avec la victime dans le centre de soins. Mais dans les régions où les morsures de serpents constituent un motif fréquent de consultation, on peut se baser sur l’aspect épidémiologique. De plus, on dispose dans ces régions d’anti-venins polyvalents et ainsi l’identification du serpent n’est de ce fait plus une priorité.

Il est utile de connaître certains gestes de premiers secours :

• Calmer la victime et la rassurer
• Nettoyer la plaie à l’eau savonneuse
• Immobiliser le membre afin de ne pas favoriser la diffusion rapide du venin
• Retirer tous les objets ou vêtements pouvant contraindre le membre blessé (bague, bracelet, montre, chaussure)
• Et ensuite conduire la victime dans un centre de santé le plus proche tout en évitant de la faire marcher si possible.

Les notions de premiers secours ne semblent pas complètement maitrisées et pour cause, certains gestes néfastes et dangereux continuent d’être pratiqués pour motif de mal information de la population.

Que faut-il donc éviter de faire après une morsure ?

• Éviter la pose du garrot.
• Éviter d’aspirer le venin par la bouche
• Ne rien donner à manger ou à boire à la victime surtout l’alcool
• Ne pas inciser le site mordu
• Dans certaines régions du monde où les espèces de serpents sont très diversifiées, notamment en Australie, il est interdit de laver la zone de morsure, car les traces de venin prélevé sur cette zone permettent une identification plus rapide de l’espèce de serpent en cause.

Les morsures de serpents constituent un problème de santé publique majeur avec des conséquences graves à type d’insuffisance rénale irréversible, des lésions tissulaires susceptibles de provoquer des incapacités définitives et l’amputation de membre qui constitue l’effet la plus fréquente.

Il faut alors éviter la proximité de cet animal, ne pas cohabiter avec leurs proies (Ex : les rongeurs), toujours porter des bottes avant d’aller dans les forêts et éviter de mettre les mains dans les trous sans les avoir vérifiés au préalable.

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