En 1945, Alexander Flemming est récompensé pour sa découverte de la pénicilline. Ce médicament antibiotique, donnera à l’humanité, près de 20 ans d’espérance de vie en plus. Il pouvait traiter de nombreux maux dont la fièvre typhoïde, les infections urinaires et la pneumonie. Pourtant avec le temps, la résistance des bactéries met en péril l’une des plus grandes avancées de la médecine moderne que sont les antibiotiques, et de simples blessures pourraient devenir mortelles.
Une menace pas moindre
Les bactéries sont partout, autour de nous, sur nous et en nous. Le corps humain en héberge 10 fois plus que de cellules et l’intestin humain en abrite pas moins de 100.000 milliards. Ces bonnes bactéries nous aident à bien digérer et à renforcer notre système immunitaire. Cependant, elles peuvent muter en de redoutables ennemis, raison pour laquelle elles sont appelées « pathogènes opportunistes ».
Chaque prise d’antibiotiques sélectionne des bactéries mutantes qui se transmettront d’homme en homme. La dissémination par les défauts d’hygiène, la transmission croisée de bactéries résistantes d’un tube digestif à un autre, d’un rhinopharynx à un autre que ce soit dans les crèches ou écoles constituent un réservoir formidable de fabrication d’infections. À force d’en abuser, les antibiotiques finissent par nous rendre vulnérables, et de banales infections peuvent devenir mortelles.
Une récente étude britannique estime que la résistance des bactéries pourrait tuer 10 millions de personnes dans le monde, autant que le cancer aujourd’hui. L’industrie pharmaceutique surmonte chaque défaite en développant des molécules de plus en plus puissantes, capables de tuer plusieurs bactéries à la fois. Mais plus l’antibiotique frappe fort, et plus le microbe riposte en créant de nouveaux mutants. À force de les utiliser, les antibiotiques perdent de leur efficacité, et si rien n’est fait, on estime que l’antibiorésistance dans le monde pourrait provoquer 1 mort toutes les 3 secondes en 2050.
La phagothérapie, une porte de sortie ?
L’ère post-antibiotique a peut-être déjà commencé. Et face à la menace bactérienne, il faut trouver des remèdes au plus vite. Et des traitements du passé pourraient bien être une solution d’avenir.
La phagothérapie, vieille de 80 ans est aujourd’hui considérée comme une alternative possible aux antibiotiques. Son principe est simple : produire des bactériophages. Les bactériophages sont des virus s’attaquant aux bactéries. Une fois sa cible localisée, le bactériophage injecte son matériel génétique dans la bactérie pour en prendre le contrôle. Il se multipliera jusqu’à détruire la bactérie au bout de quelques minutes. Si un virus tue une bactérie, il constituera peut-être un futur médicament. C’est ainsi que fut prouvée l’efficacité des bactériophages sur le staphylocoque doré résistant à la méticilline.
La guerre contre les bactéries résistantes est bel et bien déclarée. Nous devons changer nos comportements et mettre un terme à la consommation effrénée d’antibiotiques. Médecins, patients, vétérinaires, pouvoirs publics, tous sont concernés. La ressource antibiotique n’a jamais été aussi menacée. Il est urgent de la préserver et de trouver de nouvelles armes pour résister.
Sources :
Résistance aux antibiotiques, OMS