Dimanche matin

C’était un dimanche matin,
Quand mon café était ma source terrestre de bien-être
Et mon unique force pour me réveiller d’un lit charmeur et raffiné
Le soleil n’était pas encore plein,
De la fenêtre pénètrent les débuts des rayons électriques et divins
Mon regard s’arrête sur l’univers hésitant et incertain,
Mon souvenir adoré va et revient,
Voir passer une dame de très loin,
Marchant d’un pas lourd,
Sans esprit et sans le corps sain,
J’ai essayé de tisser des liens,
Me rappelant, peut-être, de moi ou de rien.
Son regard vide cachant un grand chagrin,
Elle bouge, se hâte mais puis elle met fin,
Assise face à moi et la cigarette à la main,
Prête à en rallumer d’autres, peu importe combien !
Ne se souciant de personne et ne pensant à rien

Quelle fut sa jeunesse ? Quelles furent ses amours ?
Quel hasard l’a conduite devant moi, en ce jour ?
Je crée des histoires et lui invente un parcours…
Elle a fait des études et elle était brillante
Elle voulait devenir comme une princesse :
Rayonnante ou plutôt une femme importante !
Mais après vient, tout d’un coup, cette période rebelle où l’on cherche, à tout prix, à se greffer les ailes,
Où tout, nous déplait…
Où l’on tend, vainement à atteindre le ciel…
À fuir les normes, les sorts tracés et les vécus conditionnés et l’amour conditionnel

Elle s’est enfuit, un soir obscur, d’effrayants orages,
Renforçant ses ailes et quittant sa cage et ses durs grillages
Laissant sa mère en larmes et son père en folle rage.
Elle s’est sentie libre.
Elle se sentait en mur âge,
De s’affirmer, de s’assumer toute seule,
Et de pouvoir faire son propre voyage
Une nuit, elle revint d’où est ce qu’elle est allée,
Affaiblie, amaigrie mais plus sage
Elle aimait la nature et écrivait en ratures,
Elle étudiait la poésie et la littérature,
Elle avait fait une très belle carrière
Et tentait, toujours, de vivre en fraîcheur
En s’éloignant des mauvais airs
En fuyant les faux-sincères
Sa mère ne revenait plus de sa lune de miel
Elle préférait mieux rester au ciel
Mais d’elle, elle en était paisiblement fière,
Elle s’est mariée très tôt…
Dans sa tête, les choses n’étaient pas assez ou aussi claires,
Lui, il a tout fait pour pouvoir un jour, lui plaire,
À sa famille…à ses amis et même auxdits ennemies
Son refus lui était terriblement amer,

Malgré tout,
Le jour « J » est venu et elle était merveilleusement vêtue
D’une simple robe blanche, ornée d’une magnifique dentelle,
Elle fut d’une beauté pure et d’un charme exceptionnel
Et a vécu, ainsi, cinq années des plus rebelles,
Soupçonnant toujours qu’un drame se préparait et que la vie lui serait cruelle !
Sa bague de Saphir est tout ce qu’il lui reste de ce lien brisé,
De ces moments difficiles, elle pouvait encore mieux faire,
Partie trop vite mais partie ailleurs
Pour rassembler ses morceaux
Pour recommencer une vraie vie sans douleur
Ses rêves l’attendent même s’il n’y a pas un abri

Ils s’annoncent tellement infinis
Fuir cette tradition accablante qui te domine fort et qui t’oblige, toujours, à avoir tort

Le chagrin était si grand qu’au bout d’un petit temps,
Elle a pu changer tout :
Ses idées, son pays et même sa maison,
En toute liberté.
Heureusement qu’elle n’a pas d’enfants
Quelle horreur de ne pas être aimée autant !
Ni comme femme ni comme maman
Pensant que de la sorte, elle aura moins de peine mais plus d’horizons.
Elle n’a pas eu la chance de mettre dans ce monde,
Ce bébé, ou plutôt, ce projet « anéanti » !
Je me mettrai en ordre surtout que j’ai choisi Paris
J’irai partout dans le monde et pourquoi pas en Italie
Je rencontrerai des esprits et des cultures chéries
Madame ! Excusez-moi, il est temps de vous laisser.
J’ai oublié de profiter de mon café !

J’ajouterai encore du lait car j’aimerais embrasser la vie
Surtout quand elle me sourit !
Pas de chance pour revenir à mon lit !

Milan, 30.04.2017

Les Profondeurs de l’Invisible, Edilivre, Paris, 2019, pp.2-6

Crédit photo : Pixabay

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