Soudain, un torchon de brouillard épais apparût. Mon sang se glaça timidement et ma vision s’estompa peu à peu. Mon réveil dans ce lieu austère n’était guère le fruit d’un joli hasard. Non loin de là, un semblant d’ombre humaine se dessinait sur les parois du tunnel infernal creusé à même la roche. L’ombre prenait corps et forme dans une sagacité indescriptible.
Je fus bouche-bée et terrifiée. Le monstre, petit à petit, se réveilla dans une quinte de toux. Je n’avais jamais rien vu d’aussi terrifiant. Il prit l’apparence d’un beau diable et circula un regard affamé dans tous les sens. Le prince des ténèbres sentit net ma présence. Dans la pénombre, je m’avouais déjà mes petits péchés mignons en grelottant.
La chose fit d’abord un premier pas vers moi, ensuite un deuxième. Et, il bondit. Est-ce un rêve lucide ou une illusion perdue dans les catacombes des enfers ? Non ! C’était bien réel. Nos yeux se croisèrent enfin et il vit la noirceur de mon âme vacillante. Je pris une bouffée d’oxygène et mobilisai ma dernière dose de courage.
Dans un sursaut d’orgueil, je me mis à courir de toutes mes forces. J’eus l’impression que la terre ferme se dérobait sous mes pieds. Ma robe, blanc cassé et mes cheveux en bataille, épousèrent la brise tiède au gré du lieu désenchanté. J’avais retrouvé mes peurs de petite fille. Je me mis dès lors à psalmodier les quelques vers de cette prière qui me venaient pêle-mêle à l’esprit.
Où étais-je ? Personne n’aurait pu me répondre tant que la masse gélatineuse était à mes trousses. Mais, le calme devint de plus en plus religieux et désormais, seuls mes pas de marathonienne, troublèrent le sommeil funeste de ce couloir de la mort. J’étais là, face à mon premier démon.
Crédit photo : Pixabay
