Erudyx a recueilli les propos de l’auteur de l’œuvre de Science-fiction, « Datamaciens ou la révolte d’Homo numericus ». Allons à la découverte de l’auteur et de son roman qui étale une vision optimiste de la science-fiction en Afrique.
Qui est Komlavi GOG ?
Je suis Komlavi GOG, Docteur et Ingénieur en Sciences des matériaux, togolais résidant actuellement en France.
J’ai commencé mon parcours scolaire à Tsévié (ville du Togo située à 35 Km au nord de la capitale Lomé, NDLR) avant d’intégrer, après mon Bac, à Lomé, l’ENSI (Actuel École Polytechnique de Lomé, NDLR). Juste après l’obtention de ma licence en Génie Mécanique à l’ENSI, j’ai continué ma formation à l’École Nationale d’Ingénieurs de Metz en France où j’ai obtenu mon diplôme d’Ingénieur avant de poursuivre par une thèse de doctorat.
J’ai toujours été intéressé par la transdisciplinarité. C’est d’ailleurs pour ça que je suis un passionné de culture générale (CG) et de génie en herbe.
J’ai été le capitaine de l’équipe de génie en herbe du Lycée de Tsévié avec laquelle nous avons été vice-champion et champion du Togo respectivement en 2012 et 2013 dans le cadre de l’émission Les concurrents à la chaine de télévision nationale TVT (Télévision Togolaise). Puis à l’université, j’ai été aussi capitaine de l’équipe de culture générale à l’ENSI pendant trois ans. Nous avons été vice-champion universitaire en 2014 du Génie Campus.
Ce parcours universitaire et personnel fait de moi un passionné de technologie, de créativité et d’innovation.
De quoi est-il question dans votre roman ?
Mon roman raconte l’histoire de l’Empire de Musando, un Empire futuriste africain où la vie des citoyens est dirigée par des algorithmes informatiques. Dans le même sens, les dirigeants sont conseillés par les Datamanciens, les initiés de la divination par les données numériques.
C’est dans ce contexte que lorsqu’une révolte populaire éclate, contre toute attente, les Datamanciens proposent une solution inédite où les données numériques sont convoquées pour exécuter un plan que je laisse le lecteur découvrir dans le roman.
D’où est venue votre inspiration pour ce roman ?
Pour bien comprendre mon inspiration, il faut revenir à la vie quotidienne. Aujourd’hui, tout le monde se balade avec des objets connectés dont le plus connu est le smartphone.
Lorsque nous utilisons ces objets connectés, nous laissons en ligne ce qu’on appelle des traces numériques. Ces traces sont ensuite utilisées pour nous faire de la publicité en fonction des sites web visités, historiques de positions et autres.
Le résultat, c’est que nous sommes rentrés dans le capitalisme de surveillance. C’est de là que vient mon inspiration première. Et dans mon roman, j’imagine un monde du futur où ce capitalisme est devenu une religion avec ses dieux, ses prêtres et ses commandements.
Pourquoi avoir choisi d’écrire de la science-fiction (SF), qui est un genre littéraire très peu connu en Afrique ?
La SF africaine est presque embryonnaire. L’histoire du roman « Datamaciens ou la révolte d’Homo numéricus » est longue. J’ai découvert la science-fiction très jeune à la bibliothèque de Tsévié en lisant le roman De la Terre à la Lune de Jules Verne. C’est depuis cette époque que je rêvais d’écrire un roman de science-fiction. Je dirai donc que c’est un objectif d’enfance.
Pourquoi avoir choisi l’afrofuturisme ?
Mon roman est un cri d’alarme pour l’émergence d’une science-fiction africaine qu’on appelle communément afrofuturisme même si je préfère personnellement le terme science-fiction africaine. Je suis un grand lecteur de science-fiction et j’ai toujours été confronté à l’absence d’auteurs africains de SF.
L’écrivaine afro-américaine Toni Morrison a dit : « Si vous voulez lire un livre, mais qu’il n’a pas encore été écrit, vous devez l’écrire ». Eh bien, je l’ai prise au mot et je me suis inspiré de l’Afrique pour écrire de la science-fiction, même si la thématique dont traite mon roman est une thématique mondiale.
Je pense que l’Afrique possède une richesse culturelle inédite que nous pouvons combiner avec l’imagination technologique pour créer des œuvres de science-fiction. C’est ce que j’ai essayé de faire à mon niveau. Dans mon œuvre, j’ai essayé par exemple de mélanger la technologie au Vaudou ou à certaines traditions africaines. Je rêve d’une science-fiction africaine qui puisse produire des auteurs de best-sellers mondiaux.
Même si ce n’est pas exactement la même chose, c’est ce que les Japonais ont réussi avec les mangas. Naruto par exemple n’est qu’un mélange de shintoïsme et d’imagination. Combien d’amateurs de Manga savent par exemple que Amaterasu, Tsukuyomi, et Susanoo sont des noms de dieux du shintoïsme, la spiritualité traditionnelle japonaise ?
En 2020, le marché du manga, pesait environ 5 milliards €. Je vous laisse faire la conversion en F CFA et vous verrez que la valorisation intellectuelle des traditions et des cultures africaines peut aider à terme à créer de la richesse matérielle et des emplois, même si la priorité actuellement en Afrique est ailleurs, soyons clairs.
Avez-vous des difficultés particulières en tant qu’auteur de SF africaine ?
Aujourd’hui, certains parlent de 4e Révolution Industrielle (Industrie 4.0) pour évoquer la place incontournable gagnée par le Numérique ou le virtuel dans la gestion de la production, la stratégie d’entreprise, etc. Selon vous, l’Afrique pourra-t-elle tirer son épingle du jeu et ne pas se laisser compter cette 4e RI ?
Pour répondre à cette question, je citerai un célèbre essayiste Yuval Noah Harari qui dit ceci :
« Au début du XXIe siècle, le train du progrès sort à nouveau de la gare et ce sera probablement le dernier train à quitter la gare Homo sapiens. Ceux qui loupent le train n’auront jamais de seconde chance. Pour y trouver une place, il faut comprendre la technologie du XXIe siècle, et notamment les pouvoirs de la biotechnologie et des algorithmes informatiques ».
Si les tendances actuelles vont à leur terme, tout sera numérique dans le monde de demain : éducation, divertissement, communication, travail. Le pire, c’est qu’avec le numérique, il faut constamment se mettre à jour sinon on est vite périmé. Certes, le digital ne va pas tout régler, mais les pays qui seront en retard sur le numérique seront relégués au second plan.
L’Afrique a le potentiel et la démographie pour être au rendez-vous, encore faudrait-il que nous mettions les moyens et la stratégie pour que les jeunes puissent se former et avoir les mêmes compétences qu’ailleurs dans le monde. C’est ce dernier point qui est primordial à mon avis.
Où trouver « Datamaciens ou la révolte d’Homo numericus » ?
Il est disponible sur Amazon : https://urlz.fr/jmID. Les deux premiers chapitres sont disponibles sur mon blog personnel https://www.dataetavenir.com/mon-roman/.
À Lomé, vous pouvez le retrouver chez Erudyx joignable sur ses comptes réseaux sociaux, sur le +228 98582082 et par mail hi@erudyx.com
Pour finir, quels conseils pourriez-vous donner aux personnes qui souhaitent écrire un roman ?
C’est une question délicate. Primo, il faut aimer écrire et surtout écrire sur ce qu’on aime. C’est plus facile de passer du temps sur quelque chose qui vous passionne. Comme dit l’essayiste français Idriss Aberkane : Love can do (L’amour peut faire, sous-entendu la passion facilite la motivation.).
Secundo, à moins qu’on ait un talent inné, il faut se former aux techniques d’écriture. Tertio, il faut accepter que ses premières œuvres ne soient pas forcément extraordinaires. C’est avec le temps qu’on améliore sa plume. Tous les grands écrivains sont passés par là.
Spécialement pour quelqu’un qui veut écrire de la science-fiction, il faut déjà lire de la science-fiction et être aux parfums des innovations technologiques. Je recommande des auteurs qui font de l’afrofututrisme tels que : la nigériane Okorafor dont le roman » Qui a peur de la mort ? « est en train d’être adapté au Cinéma par HBO, le studio qui a produit Game Of Thrones. Il y a aussi Michael Roch qui fait de l’afrofuturisme Caribéen et plein d’auteurs afrodescendants de la diaspora : N.K. Jémisin, Solomon Rivers, Laura Nsafou, etc.
Mais le plus important à mon avis, c’est de développer son imagination créative pour pouvoir faire des associations d’idées originales.
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