Le Féminisme met en premier plan les femmes, car c’est une question les concernant. Mais les hommes ont-ils eux aussi le droit d’être féministes ? Comment interagir avec les hommes en tant que féministe ?
La pire des inégalités: accepter un défaut pour un sexe et incriminer l’autre sexe pour les mêmes fautes
Dans l’imaginaire collectif du féminisme, les femmes ont moins de liberté, de connaissances et de privilèges, juste pour une affaire de sexe. Dans les rapports de couple, et dans nos sociétés, la tendance est parfois claire : L’homme peut courir derrière plusieurs femmes, ce qui fait de lui un macho. Quant à la femme qui s’adonne à la même pratique, elle se prostitue, ou devient un outil, un « sextoy », une proie facile. La question varie-t-elle selon le genre ?
Cette liste est longue, vous nous en direz plus dans les commentaires de cet article.
Le féminisme anti-homme est un féminisme anti-féministe
Remettons le féminisme en question. Le féminisme « anti-homme » se nourrit à la fois d’une volonté de revanche historique et d’un profond sentiment d’injustice. Il existe tout de même des hommes qui ont envie d’aider, mais qui ne peuvent pas avoir les clés si on ne les leur donne pas, et qui ne peuvent pas se dire féministes, si de base ils ont l’impression d’en être exclus.
Faire la paix avec le masculin autour de et en soi est un pas indéniable pour un féministe. Mettre les hommes de côté positionne le féminisme comme une question concernant les femmes et non leur opposé.
<< En aucun cas, une question de liberté ne saurait opposer une moitié de l’humanité à l’autre moitié qui lui est complémentaire. Et encore, nous devons arrêter de mettre le couronnement des efforts de la femme sur le compte d’une quelconque promotion de la femme. Quand une femme réalise une ascension sociale, cela ne signifie pas qu’on a adouci les critères de choix en sa faveur, mais plutôt qu’elle aurait mérité sa place comme tout autre candidat>> – Roméo LACLE
Quel féminisme face à la domination masculine?
Si les femmes sont ramenées à ces stéréotypes de douceur, l’homme sera toujours cantonné à ce devoir de virilité. Si les femmes sont automatiquement les victimes, l’homme sera automatiquement l’oppresseur, le coupable. Le féminisme est plus une question de Liberté que d’égalité.
L’égalité suppose systématiquement une comparaison et une mesure. On est égal à quelqu’un par rapport à un standard. En soi, c’est une bonne intention, mais elle met systématiquement les femmes dans un camp, les hommes dans l’autre. Ces derniers sont évidemment placés au-dessus et ont l’impression de devoir: lâcher du leste, accorder des places aux femmes dans les conseils d’administration, soigner leurs blagues, faire les efforts sur les enfants et les tâches ménagères.
Donc la femme se voit dans une posture de « mendiante » (prête à aller chercher, demander qu’on leur accorde les mêmes traitements, le même statut, les mêmes standards). Ne tendons-nous pas vers l’égalité « artificielle »?
L’activiste féministe togolaise, Elsa M’Bena BA nous livre son avis sur le sujet
- 🎤Comment interagir avec les hommes en tant que féministe ?
<< Normalement, comme avec leurs égales>>
- 🎤 Les hommes sont-ils concernés par la question du féminisme ?
<< Si le féminisme est la quête de l’égalité de genre, je ne vois pas comment les hommes pourraient ne pas être concernés. L’égalité sera entre qui et qui au final ? Si non, il est vrai que quand on dit ‘féministe’, le mot ne fait penser qu’aux femmes, mais il y a bel et bien des hommes impliqués dans cette lutte. C’est même l’idéal recherché.>>
- 🎤 Les préjugés sociaux varient parfois selon le genre. Qu’en devrait-il être ?
<< Les stéréotypes de genre sont faits par les humains. Il suffit de chercher s’il y a l’égalité
là-dedans pour savoir quoi faire. Si vous trouvez ça injuste alors c’est qu’il faut agir.>>
- 🎤 Les hommes ont-ils le droit d’être féministes ?
<< Certains hommes, pour éviter la question de la légitimité préfèrent s’appeler « Alliés des féministes », mais moi je crois que les hommes peuvent être féministes. Lorsque les défenseurs des droits des enfants ne sont pas des enfants, personne ne parle de leur légitimité.
Les hommes ont plus que le droit d’être féministes, on en a tous le devoir aujourd’hui. Le féminisme combat les inégalités de genre mais également toutes les autres formes d’inégalité. Tout le monde est concerné.>>
Pour Simone Veil, le féminisme ne doit pas chercher à démontrer que les femmes ont été esclaves des hommes
Choisissez, la définition qui vous convient. Une définition n’est pas un combat en soi, mais une manière de rassembler et de se mettre d’accord. Tout compte fait, le féminisme devait être un mouvement unisexe, outrepassant ceux qui sont, d’un côté, le standard de l’égalité, et celles qui doivent le rattraper.
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