Chute drastique du nombre de mariages, explosion des divorces, consumérisme sexuel? Avec le développement des applications de rencontre, avons-nous tué l’amour ou est-ce une simple reconfiguration des normes dans un siècle numérique ?
Les applications de rencontre, un business de l’amour
Avec l’avènement des applications telles que Tinder et Lovoo, la rencontre est devenue un véritable marché. Entre recherche du grand amour et aventure d’un soir, les possibilités semblent infinies.
Naturellement, ces applications sont devenues un énorme business. La première d’entre elles, Tinder, a été créée en 2018 et génère depuis le plus d’argent au monde derrière Netflix ( ces revenus augmentant en moyenne de 123% par an).
Le conseil norvégien des consommateurs a accusé 10 applications de transférer les données personnelles de leurs utilisateurs à 135 autres sociétés travaillant dans l’analyse de données ou la publicité. Parmi les applications visées, figurent Tinder et Grindr qui se présente comme le plus grand réseau de rencontre au monde pour les gays, les bis, les trans et les qwerks. Ils pourraient ainsi partager l’adresse GPS, l’adresse IP, l’âge mais aussi l’orientation sexuelle de leurs utilisateurs avec différents acteurs capables de mieux cibler les publicités.
L’organisation des consommateurs a donc déposé une plainte contre Grindr et certains de ses partenaires publicitaires auprès de l’agence norvégienne de protection des données. En 2016, le conseil norvégien de la consommation s’en était déjà pris à Tinder et ses conditions de licence, lui reprochant d’enfreindre la législation nationale et européenne sur la protection des données.
Deux ans plus tard rebelote, avec cette fois-ci l’intervention du SINTEF, cette ONG norvégienne à accuser Grindr d’avoir communiqué à au moins deux entreprises le statut VIH que ses membres sont invités à remplir sur leur profil s’ils le souhaitent, avec éventuellement la date de leur dernier test.
Ces révélations ont suscité de nombreuses controverses sur Internet. L’application aurait depuis cessé de partager le statut sérologique de ses membres.
Les recherches de l’amour en ligne tiennent-elles vraiment leurs promesses ?
Devons-nous croire que ces applications de rencontres en ligne ne sont l’apanage que des personnes n’ayant pas fait une belle rencontre dans la vraie vie? Ou trop occupées pour chercher un partenaire de façon classique?
La recherche de l’amour en ligne est devenue une frénésie qui a fini par engendrer un phénomène très contemporain, le « dating burnout« . Tellement de rendez-vous si souvent décevants. Tendons-nous vers une fin du romantisme avec ces rencontres virtuelles ?
Néanmoins, tout n’est pas si sombre. Beaucoup arrivent à « conclure » après plusieurs rendez-vous et finissent par vivre en couple. Au Royaume-Uni par exemple, dans un peu plus de 15 ans, la majorité des bébés anglais seront des E-babies, fruits d’une union née en ligne. Les applications n’ouvrent-elles pas une nouvelle ère de l’amour ?
Parlerons-nous de marchandisation ?
On peut donc choisir son partenaire, pour vivre l’amour, comme dans un catalogue de vente par correspondance. Nous sommes de plus en plus nombreux à se précipiter dans ce « supermarché de l’amour ».
Lorsque vous regardez un catalogue de marchandises, vous avez bien-sûr les images des produits, mais aussi les prix, et donc l’attribution d’une valeur économique spécifique à un objet. Ce qui est complètement absent dans les applications qui promettent l’amour en ligne.
Notons que les possibilités de comparaison des profils dans les applications comme Tinder, sont de plus en plus limitées. Un catalogue se feuillette d’avant en arrière, et dresse un aperçu détaillé des produits, tandis qu’avec ces applications, vous pouvez swiper un profil à gauche ou à droite, puis il disparaît pour ainsi dire dans le nirvana électronique. On ne peut pas l’afficher une nouvelle fois et comparer de manière détaillée, entre eux, que deux profils à la fois.