À travers « Datamanciens ou la révolte d’Homo numericus », le jeune auteur Togolais Komlavi GOG, nous fait vivre dans un empire futuriste d’Afrique l’emprise du numérique sur le monde moderne. Cette œuvre littéraire de science-fiction et d’anticipation, publiée en octobre 2022, parle d’afrofuturisme, de capitalisme de surveillance, d’innovations technologiques futuristes et biens d’autres à découvrir dans le livre.
Synopsis
Bienvenue à Musando, Empire futuriste africain gouverné par les algorithmes des datamanciens, les initiés de la divination par les données numériques. Oduduwa Adandozan, jeune empereur, à peine monté sur le trône, se retrouve confronté à une révolte populaire inédite menée par le mouvement des spires jaunes qui proteste contre la cherté de la vie.
Contre toute attente, les datamanciens, révèlent que cette grogne sociale est le début d’une série de troubles qui conduiront inévitablement l’Empire à un effondrement imminent. Devant l’urgence, clament-ils, une seule solution s’impose : collecter et analyser toutes les données personnelles afin d’annihiler à l’avance tous les troubles à venir. Dos au mur, l’empereur est alors sommé de choisir : se résigner à l’effondrement de l’Empire millénaire ou laisser les datamanciens tisser une toile numérique qui recouvrira tous les recoins de l’Empire. Objectif visé : traquer et tuer dans l’œuf la moindre pensée de révolte ou le moindre signe de déclin…
Unissons nos voix, pour le chant, pour la lutte
Misère, calvaire, maigre salaire, les spires jaunes, autrefois sans voix, se sont regroupés pour faire entendre leur voix.
Comme dans toute lutte, l’usage de slogans, de chants et plus récemment de hashtags, donnent au mouvement un écho qui, des fois, traverse les siècles. Nous fredonnons encore aujourd’hui, Bella ciao, ce chant historique de la révolte italienne qui célèbre l’engagement dans le combat mené par les partisans, résistants pendant la Seconde Guerre mondiale opposés aux troupes allemandes alliées de la République sociale italienne fasciste.
Les spires jaunes de Musando, n’ont pas eu à faire appel à un compositeur pour trouver les mots adéquats afin d’exprimer leur ras-le-bol envers l’Empéreur Oduduwa Adandozan.
« Chaque jour qui passe, la misère nous enserre,
Chaque jour qui passe, la vie chère rend notre vie amère,
Chaque jour qui passe, notre vie vire au calvaire,
Chaque jour qui passe, nous allons droit vers l’état de serf,Nous sommes les sans-voix et nous occupons les voies pour faire entendre notre voix !
Vois, revois-nous, larmoie et reste pantois !
Notre existence est devenue synonyme de galère,
Notre cher empereur préfère jouer la politique du désert,Nous allons continuer le bras de fer jusqu’à ce qu’il se décide à nous satisfaire,
Nous ne pouvons plus nous contenter de nos maigres salaires,
Nous sommes les sans-voix et nous occupons les voies pour faire entendre
notre voix !
Vois, revois-nous, larmoie et reste pantois !Nous le petit peuple, notre situation est précaire,
Notre travail ne suffit plus à remplir le panier de la ménagère,
Depuis que l’ascenseur social cogne un plafond de verre,
Désormais, s’est étendu entre nous et l’élite un rideau de fer »
Datamanciens, pourquoi ? pour quel rôle ?
Le mot est un néologisme né d’une combinaison de Data qui signifie données en anglais, et du suffixe –mancie du Grec « Manteía » qui se rapporte à la divination.
Dans l’empire de Musando, les Datamanciens ont pour mission d’utiliser les datas pour rendre plus rationnelles les prises de décisions. Conseillers de l’Empereur, ils sont l’arme secrète pour mieux comprendre le monde et anticiper le futur.
Dans le roman, la devise des Datamanciens est : In data, veritas (la vérité est dans les data). Pour un Datamancien, tout est de l’information, tout peut être converti en « data » interprétables, chiffrables pour faire de la prévision. Pour ces raisons, ils sont consultés par les gouvernants en vue prendre des décisions stratégiques. Leur dieu protecteur est Fâ en honneur au système de divination du Fa dans le Vaudou.
Aujourd’hui, à une échelle inférieure, tous les métiers liés aux data comme les « data scientist », « data engineer » et autres pratiquent sans le savoir la datamancie. À une échelle supérieure, les plus grandes organisations de datamancie sont les grandes firmes du numérique.
On peut citer par exemple Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft qu’on regroupe sous l’acronyme GAFAM. D’où le nom du dieu de la surveillance numérique Papa Gafamus dans le roman. C’est aussi une référence à Papa Legba le messager des dieux qui est au courant des activités humaines dans le Vaudou surtout Haïtien.
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𝐏𝐨𝐮𝐫 𝐭𝐨𝐮𝐭𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐚𝐧𝐝𝐞 à 𝐋𝐨𝐦é, 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐚𝐜𝐭𝐞𝐳 𝐝è𝐬 𝐦𝐚𝐢𝐧𝐭𝐞𝐧𝐚𝐧𝐭 𝐄𝐫𝐮𝐝𝐲𝐱 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 +𝟐𝟐𝟖 𝟗𝟖𝟓𝟖𝟐𝟎𝟖𝟐
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