Adieu Valentine

Adieu valentine

La visite n’avait duré que sept minutes environ. Sur ses talons aiguilles, la souriante femme au regard ténébreux était prête à repartir. Sans mots dire, elle sortit du quatre mètres carrés de l’étage que je squattais depuis belle lurette.

Elle avala timidement les marches dans un spectacle mélancolique. Dans son sac à main, à la robe grise, la sonnerie Marimbas in Paris me sortit de mon rêve lucide. De l’autre côté du fil, c’était Mati, mon ennemi intime dont j’avais ouï-dire beaucoup de bien. J’avais déjà là, la gorge nouée…

Devant la vieille villa gothique, les regards s’étaient portés vers elle. Sa voix fluette avait happé l’attention du boutiquier et ses nombreuses clientes toutes excitées. Son dernier rire au téléphone m’arracha un orphelin soupir. J’avais chaud, j’avais soif, mais je ne savais guère pourquoi. Quelle est donc cette sensation mesquine qui me comprime le myocarde ? Absent et vidé, j’avais des sueurs froides.

J’étais désormais perdu dans mes idées frivoles, à chercher le pourquoi du comment. Cette soirée sabbatique, à la base romantique, n’augura rien de bon pour ma modeste personne. Quelques minutes plus tard, la voix saccadée mais grave derrière l’iPhone fit écho dans la pénombre.

valentine

En chair et en os, elle ne s’est pas faite prier. À cent mètres, elle apostropha avec véhémence mon binôme d’un instant. Perdu dans son blouson en cuir kaki, il avait fière allure, le beau garçon.

Je compris à cet instant précis que le traquenard était grand mais aussi mignon… Ah la vie ! Aussi belle que cruelle. J’avançai, je marchai avec un sourire poli, en compagnie de la tendre créature d’un soir. Une visite mesquine d’elle, j’avais reçu. Mais hélas ! Elle retournait déjà sur ses traces avec sa grâce enfantine.

Perdu dans mes délires au gré du parfum ambré qui me tenait compagnie au milieu de ces cent pas, je compris une chose. La belle et la rebelle à la robe rouge et presque osée allait m’abandonner ce 14 février.

Crédit photo : pixabay

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